Séville - Calle Mata - Novembre 2010
Cela fait peut être un bon mois que je suis arrivé. Aujourd'hui j'ai rendez-vous avec un mec que j'ai rencontré sur un site de location pour aller visiter une chambre dans un appartement de la Calle Pasaje de Amores.
J'habite sur la place Jesus del Gran Poder. Sa basilique est l'une des plus vieilles et des plus vénérées de Séville, avec la Basilique de La Macarena. J'y vais presque tous les jours tellement je la trouve magnifique. C'est débordant de luxe, ça brille de partout, tout est grandiose, tout est TROP !
Pour le coup, le décalage du religieux qui existe entre ma Lorraine natale et l'Andalousie est impressionnant !
Les Andalous sont extrêmement dévots, ils vénèrent des idoles presque autant qu'ils vénèrent Dieu. Une des idoles les plus vénérée, canonisée en 1964, est celle de la Virgen Maria Santisima de la Esperanza Macarena Coronada. Grâce à d'innombrables dons, son costume, comparable à ceux des plus belles princesses, est paré de pierres précieuses, de dentelles et de broderies d'or.
Je me sens très bien dans mon quartier mais je cherche une chambre un peu plus grande. La mienne est déjà devenue trop petite à cause de ma manie d'accumuler.
Depuis mon arrivée j'ai entassé des cailloux, des morceaux d'objets, des bouts de tissus, des tickets de Musées ou de métro, des morceaux d'azulejos, des factures de restaurants, des foyers de discothèques, des trucs qui brillent, des objets religieux achetés aux puces ainsi que de vieilles photos. Le tout trouve sa place dans et sur de vieux meubles également ramassés dans la rue. Je marche depuis 15 minutes, mon casque sur les oreilles, je crois que je me suis perdu.
Je m'en fiche.
Todos dicen que el amor es amigo de la locura, pero a mi que ya estoy loca es lo único que me cura *
La rue est déserte, pas un chat, je marche seul sous des orangers pleins à craquer, c'est beau, c'est ma nouvelle ville. Les pavés sont brûlants. Le blanc des façades chaulées contraste vivement avec les couleurs rouge - sang de taureau - et ocre des encadrements des portes et des fenêtres. A travers leurs grilles en fer forgé, on voit les persiennes en feuilles de palmiers. Elles sont presque toutes baissées.
C'est l'heure de la sieste.
Anthony Marquelet,
DIVIN(E)ARIUM, Cartomancie de ma bonne aventure... pp56 -
* Ils disent tous que l'amour est l'ami de la folie, mais moi qui suis déjà folle, c'est l'unique chose qui me guérit.
Extrait de Hay que Venir al Sur, chanté par Raffaela Carrà en 1978.